Depuis quelques années, l'essentiel de mon travail créatif se fait à travers la collaboration à des projets scéniques, demandant la réalisation d'environnements vidéo pour la scène. Il se trouve que la majorité de mes réalisations dans ce domaine ont été faites pour la danse, mais j'ai aussi eu une expérience au théâtre (Assoiffés, de Wajdi Mouawad, mis en scène par Benoît Vermeulen, du Théâtre Le Clou) et j'ai aussi touché à la musique en spectacle. Voici une sélection de projets de collaboration avec des chorégraphes.
À corps défendant (2008)
Une chorégraphie de Jean-Martin Bernier, présentée au studio Hydro-Québec du Monument National, en janvier 2008. Interprètes : Jean-Martin Bernier et Suzanne Lemoine. Musique de Laurent Maslé. J'ai cosigné les éclairages avec Lucie Bazzo. Production Danse-Cité. Jean-Martin Bernier était danseur chez Montréal Danse pendant plusieurs années et fut ensuite chorégraphe indépendant. Il s'est depuis retiré du milieu de la danse, pour étudier et travailler dans le domaine du travail social. Dans cette pièce, sa dernière, réalisée en collaboration avec la comédienne Suzanne Lemoine, il explore et met en danse des textes du philosophe Pierre Bertrand.
À corps défendant fut mon premier projet entièrement réalisé et opéré avec Max/MSP/Jitter. Il y avait trois sources vidéo distinctes, diffusées par trois projecteurs. Comme dans beaucoup de projet de collaboration, on a fini par maquiller les sources vidéos et ne plus sentir d'où elles viennent.
Le matériel était entièrement généré et contrôlé en temps réel à partir d'un portable Mac. J'ai voulu traiter l'image vidéo comme une source de lumière animée plutôt qu'un véhicule narratif. J'avais construit avec Jitter, un instrument qui me permettait de mixer, filtrer les images, les appeler et les contrôler de façon à pouvoir jouer la vidéo comme de la musique. Avoir à refaire ce projet, j'utiliserais sans doute Modul8, qui est moins difficile à configurer. Néanmoins, je suis très content d'avoir réalisé une programmation fonctionelle pour l'occasion.
Article de Marie-Chantal Scholl, sur le site Dfdanse.
Article de Fabienne Cabado, dans Voir.
Mayday, mayday (2006)
Mayday, mayday est une pièce charnière de Mélanie Demers, marquant la transition entre ses premiers travaux chorégraphiques et son identité actuelle. Cette pièce faisait partie d'un spectacle en deux parties, Évohé, produit et performé par le groupe chorégraphique Échine Dõ en 2006 au théâtre La Chapelle, à Montréal. L'autre partie était assurée par une pièce d'Estelle Clareton: Étude furieuse no.1.
Mélanie voulait de la vidéo dans sa pièce, mais préférait travailler avec des télévisions domestiques plutôt que des projections. J'ai tout naturellement proposé d'utiliser du matériel télévisuel pour le contenu. Le son des images provenait des télés, ce qui donnait une présence tout à fait particulière aux moniteurs sur scène, comme on le voit dans cet extrait. Alors que la lumière de la projection vidéo se diffuse dans l'espace, le moniteur capture le regard de l'audience. En jouant avec les chiens aboyant à tour de rôle dans les moniteurs, en contrepoint avec la pose de la danseuse, nous avons créé un tableau électrique.
Tout cela fut réalisé sans argent, avec les moyens du bord; j'avais une télé, les deux autres venaient des danseuses d'Échine Dõ. Le matériel vidéo était gravé sur trois DVD différents, qu'il fallait faire jouer en même temps, afin d'assurer un semblant de synchronie! Pour ce faire, j'avais emprunté trois DVD players de modèles différents mais heureusement de même marque, ce qui me permettait de les contrôler tous en même temps à partir d'une seule télécommande. Malgré le dispositif rudimentaire et les moyens réduits, je garde un très bon souvenir du projet et des gens impliqués.
Mayday / Mélanie Demers
Article de François Dufort sur le site Dfdanse.
